End of the world ou la fin de la solitude

Catégories : Rencontres LIBERTINS candaulistes Femmes rondes Plaisir des yeux Libertins
il y a 4 ans

Septembre 2042, an 26 de l’empire

Quelque part dans le Jura.

Jour 1. Invitée-surprise.

Dans un glissement feutré, la porte/rocher coulisse. Luigi, chaussé de raquettes, sort. À l’approche du crépuscule, la neige tombée durant la journée durcit déjà.

— Le réchauffement de la planète ! Qu’est-ce qu’ils nous ont bassinés avec ça ! pense-t-il en avançant péniblement sur le tapis blanc. Ces putains de savants, ils ont juste oublié le bouleversement des courants marins.

En effet, en cet automne 2042, une bonne partie de l’Europe connaît un climat quasi polaire. En été, les températures ne dépassent guère 15°. Dès la fin août, les gelées sont de retour, le sol se recouvre d’une épaisse couche de neige qui perdure jusqu’à la fin mai. À quatre heures de l’après-midi, le thermomètre marque déjà -12°Celsius.

Pourtant, il doit vérifier son antenne parabolique. Depuis plusieurs jours, il ne capte plus rien. La coupure ne vient pas de son installation interne, il l’a vérifiée. Il profite de la première éclaircie depuis une semaine pour tenter d’inspecter sa connexion externe. Cette antenne est le seul lien qu’il s’autorise avec l’extérieur. Quand fuyant le monde, il a fait construire cet ermitage au plus profond des montagnes du Jura, à des heures de marche de toute habitation, il n’avait gardé, pour seul moyen de communication, qu’un téléphone satelliserai. Après deux ans d’isolement quasi total, seulement brisé par deux livraisons de vivres et de matériels, il avait ressenti le besoin d’avoir des nouvelles sur l’évolution de la planète. Bien lui en avait pris, l’heure du chaos approchait. Quand le prince Jean avait succédé à son père à la tête de l’empire, la situation n’était déjà guère brillante. La misère régnait sur toute l’Europe : plus de la moitié de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté. Les émeutes et autres jacqueries se multipliaient sur l’ensemble du territoire. La clique «Un Seul Dieu», alliance entre intégristes chrétiens et musulmans, prenait une influence déterminante depuis que le nouveau souverain avait rejoint ses rangs.

Prévoyant le pire, Luigi avait alors décidé de se protéger. À juste raison, car Jean 1er était loin d’être un aigle. Sous sa direction déficiente, l’empire craqua vite de toute part. Heureusement, il avait fait camoufler et sécuriser son habitation. Grâce aux nouvelles technologies, il bénéficiait d’une autonomie énergétique d’une durée presque illimitée et pouvait si nécessaire subsister plusieurs années en autarcie.

Aujourd’hui, son refuge, totalement fondu dans le paysage, est quasiment indétectable. Seule, sa chaleur corporelle peut le trahir : mais cela demande un équipement très sophistiqué.

Alors qu’à l’aide d’un piolet, il tente de se créer un passage qui lui donnera accès au pied de l’antenne, il sent qu’il se passe quelque chose d’inhabituel. Un bruit ! Un mouvement dans son dos ! Inquiet, il se redresse, se retourne en direction du… c’est alors qu’il l’aperçoit. À quelques dizaines de mètres de son refuge, une silhouette franchit la crête. Immédiatement, l’homme s’accroupit dans le sillon qu’il a creusé, se dissimulant aux possibles regards de l’intrus. Il se demande comment il va pouvoir regagner son abri sans se faire repérer. Une fois à l’intérieur, il serait en sûreté. Sauf s’ils possèdent un détecteur de chaleur. «Ils», car l’autre ne peut être seul.

Avec le manche du piolet, l’homme pratique une ouverture dans la neige fraîche, ouverture qui lui permet de suivre la progression de l’étranger sans se faire voir. Lorsque l’autre, frêle silhouette, entame la descente, Luigi se rend compte qu’il titube, vacille. Manifestement, il n’a pas de raquettes. À chaque pas, il s’enfonce dans la neige jusqu’aux genoux. Pas à pas, pesamment, il s’approche. Alors qu’il n’est plus qu’à une quinzaine de mètres, il donne l’impression de s’emmêler les pieds. Ralenti cinématographique : il s’écroule dans la neige.

L’homme en profite pour retourner silencieusement vers son abri tout en surveillant le moindre mouvement de la silhouette allongée ; mais elle ne bouge plus. Il débloque la porte/rocher du sas. Encore quelques secondes d’angoisse. Il jette un dernier regard circulaire. Nul mouvement ne vient troubler l’immensité blanche. Apparemment l’intrus serait seul. Si personne ne l’aide, il va mourir de froid. L’homme hésite. Un reliquat d’humanité… Repoussant la porte, il revient sur ses pas. Avec précaution, il s’engage à découvert, s’approche du corps inerte. Un gamin, ce doit être un gamin. Il n’est pas du tout équipé pour survivre dans les montagnes : des chaussures de marche quelconques, un anorak bon marché, une espèce de bonnet fantaisie et des gants de laine. Il n’a vraiment aucune chance. Luigi s’agenouille. Sans aucune peine, il soulève le corps. S’il pèse 50 kg, c’est le bout du monde.


Il dépose l’e n f a n t inanimé sur son lit défait. Il se débarrasse prestement de sa combinaison isotherme et la dépose dans le sas. Les vêtements du gosse sont raidis par le froid. Des minis stalactites allongent comiquement les doigts des gants. L’homme monte le thermostat de plusieurs degrés. Il faut que le gamin puisse se réchauffer rapidement. Il ne doit pas être loin de l’hypothermie. Il ne peut pas le laisser dans ses vêtements gelés. Il entreprend de le dévêtir. D’où peut bien venir ce gosse ? Que faisait-il seul loin de tout ? Le village le plus proche est à plusieurs kilomètres. Par les temps qui courent, il ne comprend pas comment un e n f a n t a pu s’aventurer aussi loin.

Maladroitement, il s’attaque aux gants. Le gel les colle aux phalanges. Non sans difficulté, il parvient à les retirer. Il remarque que les doigts du gamin rougis par le froid sont longs et fins. Pourvu que ce ne soit pas une gamine ! Il frotte les mains entre les siennes pour essayer de les réchauffer. Il n’y arrivera pas comme ça. Ne pas paniquer. Faire les choses dans l’ordre.

Il a beaucoup de mal à le déchausser. Il doit couper les lacets car il lui est impossible de défaire les nœuds. Débarrassés des chaussettes, les pieds de l’e n f a n t , menus, cambrés, malgré des attaches quelque peu lourdes, renf o r c e nt l’idée que ce peut être une fille. Putain, mais qu’est-ce qu’il va faire ! L’anorak est plus facile à ôter. Les renflements jumeaux qui déforment le haut du pull-over confirment qu’il est bien en présence d’une personne de la gent féminine. Vu le volume, pour le moins une ado. C’est le bouquet.

La vision de cette poitrine se soulevant au rythme de la respiration le stoppe dans son déshabillage. Le cœur bat ; doit-il en être soulagé ou affligé ? Il sait qu’il ne peut la laisser ainsi. Une certaine idée de la décence, un reste d’éducation. Cela le met mal à l’aise.

— m e r d e ! Je ne suis pas en situation d’ergoter ! La morale ! La décence ! C’est pas d’actualité !

Tâchant de faire au plus vite, il la déleste rapidement de son pantalon et de son pull. Pull sous lequel elle n’a qu’un t-shirt blanc tout déformé. Il ne peut s’empêcher de constater l’absence de soutif. Ses tétons de taille plus que respectable pointent sous l’étoffe, sans doute à cause du froid. Par transparence, il devine de larges et sombres aréoles. La culotte, si elle n’a rien de particulièrement sexy, n’est pas une culotte d’e n f a n t . Ça ne le rassure pas plus que ça. Ses sous-vêtements sont légèrement humides. Il sait que ce serait plus sain de les lui ôter, mais il sait aussi que le regard qu’il jetterait sur cette nudité ne serait pas innocent. Il préfère y renoncer.

En la touchant le moins possible, il fait glisser le jeune corps sous les draps. Il la recouvre aussitôt d’une couverture prise dans le tiroir sous le lit. Malgré la froideur cadavérique, il a le temps d’apprécier la délicatesse, le velouté de la peau. Il faudrait l’immerger dans un bain chaud pour que sa température remonte. Malheureusement, son bunker n’est équipé que d’une cabine de douche minimaliste.

Reste le visage ! Le découvrir, c’est donner une réalité, une consistance à la jeune fille. Habité d’une crainte déraisonnable, il a retardé le moment d’y toucher. Devant cette tête qui dépasse de la couverture, coiffée d’un bonnet, chaussée de lunettes de ski, il se sent soudain ridicule. Et quelles lunettes ! Des antiquités ! Il n’en a pas vu de semblables depuis sa lointaine jeunesse. Il les lui enlève. Ses cils noirs, fournis, sont blancs de givre. Les yeux clos lui dissimulent toujours le regard de l’inconnue. Après une dernière hésitation, il s’occupe du bonnet. Le visage lui apparaît dans son intégralité. Un visage de femme, pas d’a d o l e s c e n t e. Visage intéressant. Pas vraiment beau. Des traits énergiques. Un nez camus. Des joues rebondies. Coupe de cheveux à la garçonne. Elle respire faiblement, mais régulièrement ; cependant elle ne reprend toujours pas conscience.

— Si seulement ma putain d’antenne merdait pas, j’pourrais contacter des secours ou au moins un toubib pour me dire quoi faire ! Et surtout comment me débarrasser de cette emm e r d e use.

Il a fait ce qu’il a pu. Ses mains, ses pieds, voire son visage sont peut-être atteints par des engelures. Il n’y connaît rien. Pas question non plus d’utiliser son «personalmedic» qui est programmé sur son métabolisme et dont il ignore les subtilités de fonctionnement. La température de sa pièce n’excède jamais 19°. Comme il a poussé le thermostat à 22, il crève de chaud. Pas moyen de se promener nu comme il en a l’habitude, il lui faut garder son sweat et son collant ! Si l’autre se réveille…

Si seulement il parvenait à rétablir sa connexion, il pourrait appeler des secours. Il observe la fille. Elle semble calme. Il va pouvoir ressortir et réparer cette maudite d’antenne. Une sourde inquiétude le ronge. Comment est-elle arrivée là ? Même en juillet, août, les deux seuls mois où il ne neige plus, personne ne vient dans ce coin reculé. Les habitants du coin, d’ailleurs, l’ont sans doute oublié. Ils ont bien d’autres soucis. Il pénètre dans le sas, récupère sa combinaison. Mais un seul regard par le hublot extérieur lui suffit : la tempête de neige a repris, c’est foutu pour ce soir, le crépuscule est déjà bien avancé. Il lui faudra attendre demain ; ce qui ne l’enchante guère.


Après avoir pris un dîner léger – l’aventure lui a coupé l’appétit - il a branché son ordo. Pour une fois que son abonnement prohibitif à MWT (Microsoft World Trust) lui aurait servi à quelque chose, sa parabole déclare forfait. Il s’applique à se concentrer sur un jeu de patience. Sans grand succès ! Apparemment, la jeune personne est passée de l’inconscience à un sommeil agité. Plusieurs fois, il a dû la recouvrir. Ses gémissements l’empêchent d’oublier sa présence. Il faut dire que son antre composé d’une seule et unique pièce d’habitation manque d’intimité, mais il n’a pas été conçu pour recevoir des invités. De plus, même en collant, il supporte difficilement les trois degrés supplémentaires.

— Et m e r d e ! je ne vais pas suer comme un porc parce que cette greluche… Il tombe le collant et le sweat qu’il pose sur le dossier de son fauteuil. Par pudeur, il passe cependant un caleçon léger.

Pour autant, il ne retrouve pas sa sérénité. Ce ne sont pas seulement les plaintes qui le dérangent. Par flash, il revoit des fragments de peau satinée. Cette poitrine de femme qu’il a entrevue à travers le t-shirt le perturbe. Finalement, tout serait plus simple si c’était une gamine. Sa morale lui interdirait tout dérapage même en pensée. Mais une femme ! Des femmes en chair et en os, il n’en a pas côtoyé depuis une décennie. Ses envies de femmes réelles étaient m o r t es à la seconde où explosait la bombe de Green War, la branche armée de Greenpeace, qui tua Lucy, sa femme, et accessoirement détruisit le réacteur E. P. R. Dernière génération de Bugey IV. Avant qu’il n’abandonne le monde des hommes, il a bien connu quelques rares et décevantes aventures hygiéniques. Mais depuis dix ans qu’il vit dans cet ermitage «bunkerisé» en pleine montagne… Évidemment, il lui arrive de se masturber en matant des filles sur MWT, mais c’est exceptionnel et toujours hygiénique. Or cette fille qui tombe du ciel éveille en lui des pulsions qu’il croyait disparues.

Ce corps entrevu lui pose quelques problèmes. Des images impudiques se superposent aux cartes. Une bandaison molle déforme son caleçon. Inconsciemment, sa main droite se glisse par l’échancrure de la braguette et masse sa queue. Sa réussite n’avance pas. Alors qu’il recommence pour la ixième fois une pile, les gémissements cèdent le pas à des cris.

— J’ai froid ! J’ai froid ! Ce putain de chauffage doit encore être en panne ! Putain de pays de m e r d e …

Manque plus que ça, voilà qu’elle se met à délirer. Qu’est-ce qu’il va faire ? Faisant pivoter son fauteuil, il se rend compte qu’elle se cramponne à la couverture, que son corps est agité de frissons. L’expression «trembler de la tête aux pieds» prend tout son sens. Parfois, cela arrivait à Lucy, lorsqu’elle était très fatiguée ou très contrariée. Dans ces moments, il s’allongeait nu contre elle, tout contre elle pour la réchauffer. Sans plus réfléchir, agissant par réflexe, pensant peut-être que c’était Lucy, il se glisse sous la couette.

La fille, couchée en chien de fusil, est secouée de spasmes. Elle respire bruyamment par saccades. Il colle son corps contre le dos, les fesses, les cuisses gelées. Il frotte énergiquement les bras, les jambes tout en lui parlant doucement au creux de l’oreille. Le traitement a l’effet escompté. Au bout de quelques minutes, les tremblements s’espacent puis cessent. La respiration de la fille retrouve une cadence normale.

Jusque-là uniquement préoccupé à lui faire partager sa chaleur, il n’a aucune conscience de l’ambiguïté de leur situation. Maintenant qu’elle ne grelotte plus, il sent les omoplates de la fille pointer contre sa poitrine, les cuisses musclées frémir contre les siennes, leurs pieds accolés s’emmêler. Son pénis, s’échappant par la braguette, appuie contre les fesses relâchées, s’insinue dans le sillon entrouvert, repoussant le léger tissu de la culotte. Pour mieux la maintenir, il a glissé son avant-bras gauche sous sa hanche. La fille ayant bougé, celui-ci se retrouve coincé, la main posée sur un sein. Sein ferme, dense, à la peau souple qui se soulève régulièrement au rythme de la respiration. Son bon cœur le perdra. Il doit quitter le lit au plus vite. Quand il veut retirer son bras, la respiration de la fille s’altère. Un début de tremblement le pousse à l’immobilité.

Bonjour la situation ! Depuis qu’il s’est rendu compte de sa position, de ce corps de femme, il ne peut penser à autre chose. Sa main… le sein… le pétrir. Il lui faut garder le contrôle. Sa verge durcie pénètre plus profondément entre les fesses de la dormeuse. Par diverses gesticulations, il parvient à éloigner sa bite. Cela ne stoppe pas son érection, mais au moins elle ne la sentira pas. Il n’a jamais profité d’une nana ; ce n’est pas aujourd’hui qu’il franchira le pas et il n’a pas envie de se retrouver devant l’inquisiteur de l’empereur et de l’USD. Encore qu’en ces temps d’insécurité, les troupes de l’empereur ont d’autres chats à fouetter et les prêtrimams de l’USD ne traînent pas trop dans les campagnes, y’a trop de balles perdues.

Il s’eff o r c e de dégager son bras, sans succès.

Il n’a qu’à la réveiller.

Pour qu’elle se remette à hurler !

Non merci !

Il utilise la vieille recette du « mantra» se répétant sans cesse une phrase propre à la faire penser à autre chose. Ça marche si bien qu’il finit par s’endormir.


Septembre 2042, an 26 de l’empire

Quelque part dans le Jura.

Jour 2. Réveil brutal.

Il est réveillé par des coups de poing brutaux frappés contre sa poitrine ; coups de poing ponctués de hurlements hystériques :

— Dégueulasse ! Ordure ! Je vais te crever !

L’homme s’extirpe du lit promptement, mais la fille s’agrippe à lui. Elle continue de le frapper d’une main tandis que l’autre arrache quasiment son sweat. Elle crie au v i o l sans même s’apercevoir qu’elle lui offre un spectacle très stimulant. Les seins juvéniles qui tressautent au rythme de ses coups malmènent son maillot, dévoilant au passage un ventre plat, lisse. La culotte, enfoncée dans la raie culière, moule son pubis, dessine les lèvres, découvre les fesses plus qu’elle ne les couvre. Les touffes de poils bruns frisés qui s’échappent de part et d’autre du frêle sous-vêtement annoncent une toison drue et broussailleuse. Le visage déformé par la colère n’en perd pas pour autant son charme, au contraire. Une brusque montée de désir animal traverse l’homme. Nouvelle érection. Il a envie de la dompter, de la couvrir, de la baiser sauvagement. Plus raisonnablement, il lui met une paire de baffes. Mais, bien malgré lui, il est imprégné par la sensualité qui se dégage de ce combat. La fille s’écroule sur le lit en s a n g lotant. Pleurs entrecoupés d’insultes répétitives:

— Salaud ! Espèce de salaud ! Pourri ! Obsédé ! Qu’est-ce que tu m’as fait ? Où tu m’as emmenée ! Tu as posé tes sales pattes sur moi ! Je te crèverai…

Sans les insultes, le spectacle serait tout à fait charmant. La demoiselle dévoile des grandes parties de son anatomie. Son t-shirt n’a pas résisté à l’assaut qu’elle vient de mener : le col a craqué, le tissu fatigué s’est déchiré. Son sein gauche s’en est échappé. Sein arrogant à la forme aérodynamique qui n’a aucunement besoin de soutif pour se tenir droit. L’énervement, l’affolement en a agréablement érigé le téton. À l’étage inférieur, la situation est tout aussi réjouissante : en se laissant tomber, elle a découvert un cul que la culotte ne cache plus du tout. Cul orgueilleux qui n’a pas besoin non plus de quoi que ce soit pour retenir les chairs. Cul musclé de sportive. La culotte, plaquée contre son sexe, entre profondément entre ses grandes lèvres.

L’homme se retrouve voyeur. Son entresol commence à réagir. Déjà que cette hystérique l’accuse de v i o l , inutile qu’elle s’aperçoive qu’il bande. Il récupère sweat et collant sur le fauteuil et les revêt rapidement. D’un air qu’il voudrait décontracté, il s’appuie contre son bureau. Il tire subrepticement sur son sweat, tâchant de camoufler comme il le peut la bosse révélatrice qui a immédiatement déformé son justaucorps.

— Bon, ça suffit ! Je ne vous ai pas v i o l ée ! Ni quoique ce soit d’autre, d’ailleurs ! Ce n’est pas moi qui suis allé vous chercher. C’est plutôt vous qui êtes venue m’emm e r d e r !

Après un temps qui lui paraît long, le message ayant atteint le cerveau, la donzelle se calme. Ses larmes se tarissent peu à peu. Se rendant compte de l’indécence de son attitude, elle rougit v i o l emment. Elle se rajuste et dissimule son corps sous la couverture.

— Vous… Vous n’appartenez pas à la bande à Derba ?

— La bande à qui ?

— Vous faites pas partie des pillards qui ont attaqué le village ?

— Ai-je vraiment l’air d’un pillard ?

— Vous êtes pas du village ? Je ne vous ai jamais vu. Où est-ce que je suis ? le questionne-t-elle tout en retrouvant la position assise, la couverture toujours serrée contre sa poitrine.

— Je vous…

Tout en écoutant l’homme lui racontant dans quelles conditions il l’a trouvée, la jeune femme parcourt la pièce du regard. Rien à voir avec la chambre misérable qu’elle occupait à Roimans. Ici tout est high-tech, fonctionnel et utilitaire. Le lit sur lequel elle est assise est manifestement un single encastrable. Le bureau, en face d’elle, encombré par un matériel informatique impressionnant est encadré, à gauche par une machine à bouffe et à droite par ce qu’il lui semble être un «personalmedic». Une table de faible dimension et deux chaises complètent le mobilier. Seule touche personnelle : un poster en noir et blanc d’une jeune femme scotché à même le mur au-dessus des ordinateurs. Une chose l’intrigue : elle ne distingue aucune ouverture, pourtant la pièce semble éclairée par la lumière naturelle. Peut-être cela vient-il de cette couleur blanc cassé dont sont uniformément peintes les parois.

Au fur et à mesure des explications de l’homme et de son exploration visuelle, elle se décontracte. L’étreinte sur la couverture se relâche ; celle-ci glisse lentement révélant à chaque seconde un peu plus de sa gorge. Luigi a beaucoup de mal à détacher son regard de cette peau lumineuse. Surtout, depuis que se dévoile de plus en plus nettement la vallée séparant les seins. Ses mains se crispent sur le sweat. De la droite, il a empoigné sa queue et la comprime pour que son érection ne soit pas trop apparente. Il faut qu’il répare son antenne aujourd’hui même. S’il ne peut se débarrasser de cette nana d’ici ce soir, ça va être la galère. Quand il a fini son récit, à son tour, il l’interroge :

— Qu’est-ce que c’est ces histoires de pillards ?

Elle lui explique que les troupes d’assaut de l’empereur Jean ont repris St Claude. La bande à Derba qui occupait la ville depuis plusieurs semaines a reflué vers les montagnes. Des gens qui fuyaient, passant par le village, les avaient avertis du danger. On ne les avait pas pris au sérieux, pensant que ces hommes des villes ne s’enfonceraient jamais aussi profond dans la campagne montagneuse surtout au début de l’hiver. Grave erreur. Au matin, les mercenaires remerciés par l’empereur après la mise au pas des derniers démocrates incendiaient le village, pillant, tuant, v i o l ant dans la meilleure tradition des routiers du Moyen Âge. Elle avait dû son salut au fait qu’elle habitait à l’autre extrémité du village. Quand elle avait entendu les premiers cris, vu les premiers feux, elle s’était habillée aussi vite qu’elle avait pu et sans réfléchir plus, elle s’était enfuie vers la montagne.

Prise par son discours qu’elle agrémente de grands gestes, la jeune femme a oublié la couverture. Celle-ci est tombée sur ses cuisses. Nouvelle vue imprenable sur poitrine dénudée. Le t-shirt déchiré s’ouvrant de chaque côté, les deux globes laiteux s’exposent à ses regards concupiscents. Seuls les tétons restent dissimulés. Dissimulés pas tout à fait, car l’excitation provoquée par la discussion lui a échauffé les sens. Des tétons, qu’elle a vraiment proéminents, tendent la toile fatiguée de son maillot. Ça le rend fou. D’une oreille distraite, il suit son discours tandis que sa main malaxe sa queue de plus en plus vigoureusement. Il ne va pas tarder de cracher dans son caleçon. N’y tenant plus, il se rue vers un placard encastré, en sort une combinaison de travail en latex blanc qu’il lui jette.

— Maintenant vous enfilez ça sinon i’ va se passer des trucs ! éructe-t-il. Et là, vous pourrez crier au v i o l !

— Vous êtes mala…

Un œil sur sa semi-nudité lui suffit pour comprendre l’énervement de l’homme. Elle s’habille rapidement, remontant très haut la fermeture électrostatique.

— Je suis désolée. Je me suis pas rendu compte…

— Non, c’est moi ! Il y a si longtemps que je n’ai pas vu de femme.

Pour la première fois, l’homme sourit. Pour la première fois, elle ose aussi le regarder. Il n’est plus de première jeunesse. Il pourrait même largement être son père. Il doit approcher la soixantaine. Bien plus grand qu’elle ! Pas difficile avec son mètre cinquante-cinq. Silhouette jeune. Pas beaucoup de place pour la graisse. Corps svelte, musculature impeccable. Teint hâlé, il doit passer quand même pas mal de temps en plein air malgré le froid. Visage d’ascète glabre, joues creuses, cheveux gris coupés en brosse. Regard dur, désabusé, qui s’est transformé, l’espace d’un bref instant, lorsqu’il a souri. Elle lui fait de l’effet si elle en juge à l’érection qu’il ne parvient à dissimuler. Quelque part, elle se sent flattée.

— Maintenant que vous êtes décente, revenons à nos moutons. Il faut que je prévienne les secours pour qu’ils viennent vous récupérer.

— Vous êtes marrant, vous !

— Pourquoi ? Vous ne pouvez pas rester là !

— Bonjour, l’hospitalité !

— Je ne vous ai pas demandé de venir.

— Pas la peine de vous répéter, j’avais compris. Va pourtant falloir que vous me supportiez quelques jours. Les troupes de secours sont pas près d’arriver. Si elles viennent un jour…

La colère lui va bien. Le visage s’anime, retrouve des couleurs. La combinaison en «Livelatex» s’est adaptée au corps qu’elle habille et le moule étroitement. Plus possible de lui reprocher de s’exhiber, mais c’est tout aussi dur pour les nerfs. Pas une bonne idée cette combine ! Cette étoffe synthétique n’écrase pas, mais au contraire épouse, souligne les formes. Encore plus érotique que ces chiffons qui, pourtant, ne l’habillaient pas vraiment. Il bande de plus belle et renonce à le cacher. Et m e r d e , il n’est pas de marbre. L’envie de prendre ce corps dans ses bras devient obsédante. Il tente de se concentrer sur la conversation.

— C’est à ce point le chaos ?

— Vous avez pas l’air de suivre l’actualité de près, vous ?

— Non ! Pas vraiment. Le monde extérieur ne m’intéresse plus guère !

Consciente de l’effet que sa nouvelle tenue produit, elle s’assoit en tailleur. Mont de vénus en avant, en exposition. Sa toison luxuriante distord le latex. Il est si distendu qu’on devine les poils qui recouvrent ce jeune sexe. Se concentrer sur la conversation.

— C’est un peu le bordel ! Si vous voyez ce que je veux dire ! J’espère que vous avez de quoi nous protéger parce que s’ils se pointent par ici, i’ vont pas se gêner.

— Il suffit que j’enclenche ma centrale de détection et place en alerte maximale mon écran d’invisibilité. Excepté s’ils sont équipés de palpeurs sensitifs détectant les émissions de chaleur, ils ne pourront pas nous repérer. Là n’est pas le problème…

Des abdos finement ciselés soulignent son ventre plat. Surplombant cet à-pic, deux mamelons. Pas de ces mamelles disproportionnées factices qu’il était «tendance» de se faire implanter lorsqu’il avait quitté le monde. Pas non plus de ces œufs sur le plat qui faisaient ses délices d’a d o l e s c e n t . Seulement une poitrine de taille normale qui n’a besoin d’aucun artifice pour se tenir au garde-à-vous. La tension de la combine accentue chaque ligne, chaque courbe marquant nettement l’ovale plongeant de l’attache sous le sein. Comme plus tôt, les tétons se redressent dans la chaleur des échanges. La matière élastique en adopte si étroitement les formes qu’il compterait sans peine les grains qui les composent.

— Alors, il est où le problème ? D’abord, arrêtez de mater mes seins !

— Justement ! maugréa-t-il en se reprenant. La remarque cinglante l’a provisoirement refroidi… Justement, il est là le problème, Madame. Vous ne pouvez rester ici, seule avec moi.

— Pas Madame d’abord, Mademoiselle ! Et puis arrêtez vos simagrées. Arrêtez de me snober en me v i o l ant des yeux. Vous êtes même pas drôle. Je m’appelle Claire, j’ai 21 ans et vous ?

— Quelle importance !

— Vous avez bien un prénom au moins !

— Il y a si longtemps qu’il n’a pas servi !

— Justement !

— OK ! Luigi ! Le pillage de votre village n’a pas l’air de vous perturber plus que ça !

— C’est pas mon village ! J’y suis depuis six mois. Réfugiée ! J’étais en fac à Lyon, mais ça devenait trop hard. J’ai trouvé un petit boulot dans ce B l e d loin de tout. J’pensais pas que la civilisation me rejoindrait si vite.

— Il n’empêche qu’il va falloir trouver une solution pour que vous regagniez cette civilisation.

— Si je vous emm e r d e vraiment, foutez-moi dehors tout de suite.

— Arrêtez de dire des bêtises. Si je peux réparer ma parabole, je contacterai l’entreprise qui me livre chaque été. Ils viendront vous chercher avec un hélico.

Son regard, malgré l’hostilité des derniers propos, ne peut éviter de «comme elle disait» v i o l er visuellement ce corps. Furieux contre lui-même, il fait volte-face, se plante devant son S. I. C. C. (Sony Individual Compu Cook), lui commande deux barres de Total-Breakfast. Il les lui tend sans la regarder :

— Si après avoir mangé cela, vous avez encore faim ou soif, utilisez le clavier, mon S. I. C. C. est programmé à ma voix.

— Et pour me laver, demande-t-elle d’une voix agressive, faut aussi que j’utilise le clavier ?

— Non ! La cabine de douche est manuelle. Il vous suffit de régler le débit et la température au tableau.

— Y’a pas de baignoire ?

— Où la mettrais-je et qu’en ferais-je ?

— Ça pourrait servir à vos nombreux invités ! lui réplique-t-elle d’un ton sarcastique. Et vous la cachez où cette douche ?

— La porte sur votre droite. Désolé, comme j’attendais personne, y’a pas de verrou !

Pendant cet échange, il a passé son intégrale d’extérieur. Après ces derniers mots, il enfile ses gants isothermes, prend sa trousse à outils et sort en claquant furieusement la porte du sas. Malgré sa colère, il ne peut s’empêcher d’apprécier la personnalité, le sens de la répartie de sa visiteuse inattendue. Dans une autre vie, il aurait pu…


Septembre 2042, an 26 de l’empire

Quelque part dans le Jura.

Jour 2. Un peu plus tard

À son retour, l’excitation apaisée par la température extérieure, le corps calmé par les efforts, Luigi, à défaut d’être satisfait - il n’a pas pu réparer sa parabole - se sent plus serein. Cette sérénité est de courte durée…

Première contrariété : Claire, sans la moindre gêne, s’est installée à la console. Elle a ouvert son fichier journal et le lit tranquillement. Deuxième couche : avant qu’il ait le temps de prononcer le moindre mot, sans détacher les yeux de l’écran, elle attaque :

— Votre foutue parabole est réparée ? Vous allez pouvoir vous débarrasser de moi.

— Comme vous êtes sur mon terminal, vous avez bien dû vous rendre compte que la connexion n’est toujours pas établie !

— J’suis pas une flèche en informatique. Ma spécialité, c’est plutôt les manuscrits anciens. Alors, votre machine est trop compliquée pour moi. Ça a déjà été le bordel pour trouver votre bibliothèque. Pi ce que j’ai trouvé c’est pas terrible !

— Je vous remercie. C’est mon journal que vous êtes en train lire.

— Au temps pour moi ! J’suis désolée !

Elle pivote vers lui. Une rougeur e n f a n t ine envahit ses joues. Elle ne fait plus ses 21 ans. Pendant une seconde, elle a l’air coupable d’une gamine qui vient de se faire prendre la main dans… Luigi balance entre l’envie de lui foutre une claque et celle de la prendre dans ses bras. Pas seulement la prendre dans ses bras : la combine ouverte jusqu’au nombril, les seins toujours moulés dans le latex, la disparition du t-shirt provoque sa troisième érection de la journée. Les montants de la fermeture électrostatique délimitent une vallée d’une blancheur soyeuse. Sa peau n’a pas souvent affronté les rayons du soleil. Dans ce milieu du XXIe siècle, exposer sa peau au regard, ne serait-ce que d’un soleil anonyme, est rare tant pour d’évidentes raisons climatiques que pour des raisons socioreligieuses. Les principes intégristes sont devenus la loi.

Claire, manifestement, ne semble pas une adepte fervente de ce mouvement. Quand elle voit le regard brûlant de l’homme se régaler du spectacle de son corps, elle n’a pas de réaction pudibonde. Pas un geste pour dissimuler, au contraire prenant un petit air roué, jouant de sa féminité :

— Bon ben c’est mal parti pour moi ! Soit vous me foutez dehors et je meurs gelée, soit nous cohabitons. Si j’en juge à vos yeux pervers et à la grosse bosse que fait votre fut, ça va pas être simple.

Il a du mal à résister à sa gouaille. Cette fille a sacrément du charme, même si elle est loin d’être canon. Lui répondant sur un ton tout aussi ironique :

— Et quelle solution préférez-vous ?

— Dehors, j’ai aucune chance. Le froid sera sans pitié.

— Qui vous dit que j’aurais une quelconque pitié… si j’accepte que vous restiez.

— J’ai au moins une chance. Si vous essayez de me v i o l er, vous savez ce qui vous arrivera le jour où vous tomberez entre les mains des Gardiens de la Norme.

— Je peux vous jeter dehors… après.

— J’vous sens pas en assassin.

— Moi non plus… mais si on ne vous trouve pas des habits un peu moins valorisants, je me sens bien en v i o l eur.

— Je vous signale, mon cher, que votre collant est au moins aussi valorisant, ricane-t-elle. Sans vouloir paraître vulgaire, votre sexe qui bande est bien plus cochon que ce que je peux montrer.

— Pour quelqu’un qui veut me livrer aux Gardiens de la Norme, vous avez un drôle de langage.

— J’suis pas spécialement copine avec eux. C’est aussi un peu pour ça que je suis venue dans ce B l e d . Dans la cambrousse, les frères sont moins influents.

— Vous êtes une dangereuse cryptodémocrate.

— Stoppe l’imagination ! Je suis vierge, mais je trouve qu’ils exagèrent sur plein de trucs.

Encore vierge, donc f o r c é ment pas mariée ! Elle n’était peut-être pas une cryptodémocrate. Cependant ne pas être mariée à 21 ans, ce n’était pas commun. Il comprend mieux pourquoi elle s’est réfugiée dans le Haut-Jura. À moins qu’elle ne lui ait menti sur son âge.

— Si vous continuez comme ça, vous n’allez pas rester vierge longtemps !

— J’ai failli passer à la casserole hier… et en plus si vous m’aviez pas trouvé, je serais m o r t e. Alors ma virginité ! Pi peut-être que…

Et elle le provoque !

— Et si vous branchiez votre alerte. Vous avez intérêt que ça marche. On est dans la même galère ! Enfin presque, vous, i’ vous v i o l eront peut-être pas.

Pour la première fois, il sent une fêlure dans sa voix. Aussi d’un ton qu’il veut rassurant, il lui répond :

— Nous ne risquons absolument rien ! Mon système est très performant ! Et puis ils ne se risqueront pas dans l’arrière-pays dans de telles conditions météo.

— Ouais, c’est c’qu’ils disaient à Roimans…

Il valait mieux qu’il ait raison ! En fait, il ne s’est jamais servi de son générateur d’invisibilité. Il se penche au-dessus d’elle pour prendre le carnet où est noté le code qu’il doit taper pour activer la bulle d’invisibilité. Dans le mouvement, le frôlement de leurs vêtements génère un faible courant d’électricité statique : quelques étincelles jaillissent. Cela lui rappelle un film vu à la télé dans sa prime e n f a n c e . La signification qui était donnée de ces étincelles l’agace. Heureusement, Claire ne doit même pas savoir qui était Louis de Funès. Elle sursaute puis éclatant de rire :

— Et moi qui pensais que le courant passait pas entre nous.

D’un ton brusque, il réplique :

— Poussez-vous donc que je puisse taper ce putain de code.

— C’est vrai que vous êtes tellement aimable ! J’dirai même malpoli en plus.

Pour montrer sa désapprobation, elle fait pivoter le fauteuil et lui tourne le dos.

— Je vous rends votre fauteuil ! Comme ça vous pourrez être «confortable» pour taper.

Elle se lève et se dirige vers le lit pour s’y asseoir, boudeuse. Pendant un instant trop court, il profite pleinement de sa croupe. Il ne sait pas ce qu’elle a manigancé pendant sa sortie, mais la culotte a également disparu. La combinaison pénétrant entre ses fesses les sculpte admirablement. Naïvement provocante, elle se déhanche outrageusement, dessinant des huit avec son postérieur rebondi. Se rend-elle compte de ce qu’elle peut déclencher ? Lui a compris qu’ils vont devoir passer quelques jours ensemble. L’exiguïté des lieux va rendre cette cohabitation pénible. Et si elle continue de l’aguicher !

Ayant trouvé le code, il ouvre le programme de surveillance et l’active. À son tour, il fait pivoter le fauteuil pour se retrouver face à la jeune fille. Elle est à demi allongée sur le côté, menton en appui sur son poing fermé, poitrine en avant, une jambe allongée sur le lit, l’autre pendant à l’extérieur, le bout de la langue se promenant sur les lèvres. Cette position qu’elle aurait voulue lascive manque tellement de naturel qu’elle en devient risible.

— Demoiselle… Claire… Nous allons devoir partager ce refuge sans doute un certain temps. Alors, s’il vous plaît, ne rendez pas cette corvée encore plus pénible.

— J’dois être bête, mais j’avais l’impression que vous trouviez très agréable de me mater.

Elle ponctue ses propos d’un balancement maladroit de la jambe gauche. Luigi apprécie modérément cette démonstration, mais son regard est irrésistiblement attiré par un lieu bien plus excitant. Dans sa gymnastique, ses grandes lèvres se sont disjointes. Le «Livelatex«, toujours aussi efficace, profitant de l’aubaine, a f o r c é le passage. L’obscénité de cette fente blanche entrouverte, sexe synthétique lisse, bordée par les lèvres, ailes de papillon déployées, l’électrise. Son pénis, de plus en plus dur, bat la chamade contre son ventre. Elle ne peut ignorer son état. D’autant que quelques gouttes de sa liqueur souillent le collant.

— Je ne nie pas que vous soyez agréable à regarder…

— Vu comme vous bandez, sûr que vous pouvez pas.

— Par contre je n’ai aucune envie d’être obligé de vous épouser ou pire d’être exécuté pour avoir abusé de vous.

— Nous serons peut-être m o r t s demain alors…

Comme pour confirmer ses paroles, l’ordo annonce :

— Présence signalée à 1 km 254, nord nord-est. Douze humains de sexe masculin. Armes légères. Pas de détecteur de chaleur. Écran d’invisibilité activé ! Centrale d’énergie mise en session minimum. Passage en mode écran.

Claire bondit sur ses pieds et se jette dans les bras de l’homme qui, dans un geste instinctif, la serre contre lui.

— Vous voyez, murmure-t-elle comme si les hommes dehors pouvaient l’entendre. Ils sont là. Ils vont nous trouver.

— Arrêtez de faire l’e n f a n t ! Ils n’ont pas de détecteur, ils ne peuvent pas nous trouver, martèle-t-il autant pour la rassurer que pour se convaincre.

La tenant par la taille, il l’entraîne à sa suite. Il tente de la faire asseoir dans le fauteuil, mais elle se cramponne à lui.

— J’ai peur. Je ne veux pas mourir. Pas tout de suite !

Le lieu, maintenant chichement éclairé par une seule lumière froide, type «sortie de secours«, devient franchement sinistre.

— Nous ne mourrons pas ! Rassurez-vous.

La fille blottie dans ses bras, Luigi l’enlace. Il lui parle doucement en la berçant comme il l’aurait fait avec l’e n f a n t qu’il n’a jamais eu. Debout au milieu de cette pièce qui deviendra peut-être leur caveau, ils tanguent accrochés l’un à l’autre. Progressivement, la perception qu’a Luigi de la situation évolue. Ces sentiments, s’ils étaient paternels, seraient I n c e s t ueux. Ce jeune corps collé au sien, ces bras qui l’étreignent, cette poitrine juvénile contre son estomac, sa main droite sur une épaule, sa main gauche au creux d’une hanche éveillent sa libido. Son sexe qui, m o r t de frousse, s’était rétracté entre ses cuisses au moment de l’alerte retrouve son énergie.

Presque à son insu, ses doigts entrent en action. Ses mains effleurent la seconde peau synthétique, du bas des reins jusqu’aux épaules, d’abord dans un geste tendrement apaisant. Le corps contre le sien s’amollit, s’alanguit, donne son accord. Claire qui s’en veut pour son comportement infantile s’abandonne à ces câlins rassurants. Elle sent contre son abdomen gonfler le désir de son vis-à-vis. Ce désir appelle le sien. Une chaleur inhabituelle envahit son ventre. Une humidité imprévue humecte son vagin.

Imperceptiblement, la caresse se sensualise : les mains se font plus insistantes en certaines contrées plus attrayantes. Leur trajectoire se modifie. Une main atteint la fesse, une autre se perd sous les aisselles et frôle un sein. Loin de s’offusquer de ces privautés, la jeune fille passe les bras autour de son cou. Elle attire son visage et, se hissant sur la pointe des pieds, pose ses lèvres sur celles de l’homme. Baiser timide, lèvres closes, de la jeune pucelle et du vieil homme désenchanté. Oubliés les mercenaires s a n g uinaires qui risquent d’envahir leur havre d’une seconde à l’autre, seuls comptent leurs corps soudés dans ce baiser désespéré.

Une petite langue curieuse pointe, se fraye un passage entre les lèvres serrées de l’homme. Petite étincelle qui allume un brasier. Leurs bouches se décèlent. Baiser passion. Duel de langues agiles. Leurs corps s’en mêlent, s’emmêlent. La houle se déchaîne. Leurs sexes se parlent, se frottent, se massent. Humidité contre rigidité. Jusqu’à ce que…

— Non ! Non ! Non ! hurle Luigi en la repoussant v i o l emment et la tenant à bout de bras.

— Gueulez pas comme ça ! Ils vont nous entendre ! Pi qu’est-ce qui vous prend ?

Elle tente de se soustraire à l’étreinte de ses mains, de rompre la tentative d’éloignement de l’homme par des gigotements désordonnés. Gigotements qui ont pour principales conséquences d’insuffler à ses seins un mouvement de balancier si perforant que les attaches électrostatiques de la combinaison se détachent, que les deux globes laiteux s’en échappent. Instant de flottement… vision extraordinaire… des aréoles de cette taille, il n’en a jamais vu : plusieurs centimètres de diamètre et presque noires. Claire profite de son ébahissement pour l’attirer contre elle, mais il se reprend.

— Nous allions faire une connerie et je ne crois pas que ce soit le moment idéal.

— Je vous plais pas ou alors vous allez me sortir le couplet sur le «c’est pas bien, nous ne sommes pas mariés«.

— Le mariage est le cadet de mes soucis !

— Alors qu’est-ce qui y’ a ? Vous êtes pas homodéviant pourtant ! J’en ai la preuve, dit-elle en tentant d’empoigner ses testicules.

Sursaut de recul qui presse, en l’espace d’une seconde, le jeune corps partiellement dénudé contre lui. Deux tétons durs comme de la pierre viennent frapper sa poitrine. Brusque montée de désir. D’un geste brutal, reflet de sa propre frustration, il la repousse à nouveau.

— Vous n’êtes pas… Nous ne sommes pas dans notre état normal. Accomplir l’acte maintenant serait… après vous le regretteriez.

Il la tient à bout de bras, tentant matériellement d’éloigner la tentatrice.

— S’il y’ a un après… Vous oubliez les tueurs qui rodent dehors.

Tentative vouée à l’échec ! La tentation a seulement changé de sens : du toucher, il est passé à la vue. En effet, au cours de la dernière échauffourée, d’autres velcros ont craqué. La combine est ouverte plus bas que le nombril. Les mamelons remuent au rythme des vociférations de la demoiselle. Luigi ne s’est pas trompé : elle a bien enlevé sa culotte. L’épaisse touffe de poils qui dépasse le lui prouve.

Il a de plus en plus de mal. Le désir se fait de plus en plus insistant. Pourtant, il doit continuer.

— Je n’oublie rien. Mais ils ne nous découvriront pas ! Et vous donner à moi par désespoir serait stupide.

— Tu l’as dit Ali ! Tu… pardon, vous parlez comme un livre, mais vous raisonnez comme une cloche fêlée. Ça n’est pas arrivé jusqu’au cerveau surdimensionné de votre grandeur que peut-être tout bêtement vous me plaisez…

— Le problème est que, d’un la réciproque n’est pas vraie, affirme-t-il sans vraiment y croire. De deux, vous vous racontez des histoires. Franchement, je pourrais être votre grand-père. En d’autres circonstances, vous ne m’auriez même pas vu.

— Vous avez raison. Comment j’pourrais être attiré par un vieux poseur, donneur de leçon, goujat et par-dessus le marché menteur. C’est pas vrai que je vous plais pas, questionne-t-elle en éclatant en s a n g lots. Dites-moi qu’c’est pas vrai.

Luigi se fait piéger par ces larmes. Ses bras se détendent. La mâtine en profite pour se pelotonner dans ses bras. Ses pleurs l’émeuvent. Il la câline, la cajole. Son envie de lui faire l’amour s’est encore accentuée, mais de la sentir aussi fragile le conforte dans son opinion de résister.

— Claire, vous me plaisez énormément. Vous éveillez en moi des désirs oubliés, mais je ne profiterai ni de votre jeunesse, ni de votre…

— Pourquoi i clignote votre écran, le coupe-t-elle d’une voix redevenue subitement normale.

Ses pleurs auraient cessé aussi vite ? Luigi se rend compte qu’il s’est fait avoir. Jeune peut-être, mais déjà bonne comédienne. Il verra plus tard, l’important est l’écran qui clignote. En mode alerte, comme il l’a annoncé plus tôt, l’ordinateur n’utilise plus la cellule vocale, les messages ne sont que visuels.

— Si vous me lâchiez un peu les baskets, je pourrais peut-être répondre à votre question.

Claire, malgré sa demande, ne s’écarte pas pour autant. Le corps de la fille toujours collé au sien, il effectue un 180° savant. Quand il appuie sur la touche «enter», Claire se déscotche momentanément. Elle se retourne, appuyant, aussitôt, le dos contre son ventre. Son pénis se retrouve comprimé entre deux fesses charnues. Ensemble, ils découvrent le message inquiétant qui s’affiche à l’écran.

«Les 12 humains installent un campement à l’aplomb du rocher dissimulant l’entrée de «Trantor». Probabilité de 98% qu’ils y passent la nuit. Éléments insuffisants pour déterminer durée de leur halte. Psyrépulseurs activés. Probabilité qu’ils découvrent l’entrée est de 0,01%. Mise en route du processus d’autodéfense.«

— m e r d e , m e r d e , m e r d e !

— Ils vont nous trouver ? C’est ça ? larmoie-t-elle en se plaquant encore plus fortement contre lui.

— Claire, rengainez vos larmes de crocodile ! Elles ne sont que prétexte à vous coller encore plus sûrement contre moi.

— J’comprends que vous viviez seul ! Vous êtes vraiment trop désagréable !

— Assez, Claire ! On est dans une m e r d e pas possible ! Alors arrêtez vos simagrées !

— C’est pas des simagrées ! Ils vont nous trouver. J’voudrais juste pas qu’ils aient mon pucelage ! Je rêvais de l’donner à l’homme que j’aimerais. J’crois qu’c’est un peu compromis ! Vous, j’vous aime pas, mais au moins vous m’plaisez. Et j’suis sûr qu’vous m’f’rez ça avec d’la tendresse.

Pour le convaincre, elle remue lentement les fesses contre son bassin. Un instant, il oublie la situation dans laquelle ils se trouvent. Claire, dans ses lamentations, a posé la nuque au creux de son épaule, levant la tête vers lui. Il n’a qu’à pencher la sienne légèrement pour que leurs lèvres se rencontrent. Baiser protecteur qui se veut rassurant. Sa main s’est glissée sous la combinaison et empaume un sein. Retour à la réalité malgré ses envies, son esprit lutte contre cette attirance purement sexuelle. Il stoppe la caresse à peine esquissée sans pour autant que sa main délaisse sa proie. Il récupère l’usage de sa bouche et détourne la conversation :

— Ils ne nous trouveront pas. Par contre, comme l’ordo a déclenché le système d’autodéfense, nous sommes réduits à un inconfort certain jusqu’au départ de vos amis. Toutes les fonctions sont ajustées au minimum vital. Ça va être galère.

— D’abord, c’est pas mes amis ! dit-elle en lui faisant face. Ensuite pour la galère ça pourrait être pire, y’ a votre lit. On pourra toujours s’occuper agréablement, continue-t-elle dans un sourire empli de promesses coquines.

— Dormir ne sera pas un problème, lui réplique-t-il, ignorant volontairement l’allusion grivoise. Nous aurons de l’eau et de quoi manger, mais nous devrons nous contenter de plats lyophilisés. Le S. I. C. C. est en stand-by jusqu’à la fin de l’alerte. Nous risquons de ne pas avoir très chaud car la clim est réglée au niveau le plus bas.

— Pour la clim je compte sur vous !

— Le problème, ça va être l’hygiène. On va être obligés d’utiliser un sani broyeur auto recyclable. Déjà c’est pas le top, mais surtout nous allons être limités en eau pour LA toilette. Ça risque de craindre. Enfin, on peut espérer qu’ils soient repartis avant que l’odeur devienne insupportable.

Claire ne l’écoute plus. D’une main pleine d’initiative, elle attr a p e le sweat et le remonte au-dessus de la poitrine de l’homme. Ses lèvres charnues se posent sur le torse poilu qu’elles couvrent de multiples baisers. Ce pull, décidément, la gêne. Elle décide de s’en débarrasser. Dans une dernière manifestation de lucidité, Luigi résiste à ce déshabillage en tentant de se rajuster. Un baiser-suçon, fort adroitement appliqué sur un téton, déjà bien affolé, a raison de cette ultime velléité défensive. Exit le pull.

— Et puis m e r d e ! se dit-il. La petite a raison. Nous serons peut-être m o r t s demain. Alors…

Dans l’instant qui suit, après quelques gesticulations, leurs torses dénudés font connaissance. La juvénile et ferme poitrine, à la peau veloutée, pèse sensuellement contre le poitrail velu à la peau tannée par le grand air. Leurs tétons durcis s’excitent en de mutuels frôlements. Leurs lèvres se trouvent. Plus aucune résistance, baiser d’acceptation de l’inéluctable. Malgré le péril extérieur aucune précipitation. D’ailleurs l’extérieur, ils l’ont oublié. Statufiés face à l’ordo, corps fusionnés, nus jusqu’à la ceinture. La combine de Claire pend comiquement en une espèce de queue-de-pie ridicule, le collant de Luigi est totalement distendu par une vraie érection. Ils n’en ont cure : seules leurs mains, légères, aériennes, se promènent – promenade câline –, découvrent les parties révélées et accessibles de leurs corps. Griserie de sentir la peau de l’autre frissonner sous ses effleurements alors que sa propre peau manifeste les mêmes frémissements sous la main de l’autre.

Étreinte qui se prolonge. Les vêtements qui recouvrent encore le bas de leur corps deviennent une gêne, une entrave. Sans prononcer un mot, sans interrompre leur baiser, sans même que leurs torses ne s’écartent, à la même milliseconde, ils entreprennent de se dégager de ce carcan. Dans une pantomime gymnique, ils y parviennent sans jamais supprimer le contact. Le pénis érigé de Luigi se presse contre le ventre blanc de la jeune fille tandis que la toison luxuriante de celle-ci vient lui démanger les couilles. Cette sensation provoque chez l’homme un regain d’excitation. Agrippant ses fesses vigoureuses, il la soulève sans difficulté. Sa bite raide pointe sa tête de nœud à l’entrée du temple inv i o l é, mais détrempé. Cette approche de pénétration surprend Claire qui resserre instinctivement les cuisses en contractant le vagin. Réaction qui provoque un glissement, le long des lèvres entrouvertes, du pénis. Quand la bite, ignorant la vulve offerte, s’insinue entre les fesses, Luigi lâche le cul de la donzelle, agrippe ses hanches.

Situation délicieuse : dans la chute du corps, le délicat clitounet de Claire heurte v i o l emment le pubis de l’homme. Elle ne peut retenir un petit cri de douleur vite étouffé par le plaisir qui suit. Non seulement le frottement de son bourgeon contre la chair mâle lui procure de très agréables sensations, mais son vagin chevauche le pénis, ses grandes lèvres le ventousent. Un lent mouvement de va-et-vient sur cette hampe si dure, son clito frappant avec régularité le pubis de l’autre suffisent à la faire partir. Sa bouche, sa langue s’affolent. Ses plaintes se mêlent au baiser. Au plus fort de sa jouissance, sans même s’en rendre compte, elle mord la langue qui la pénètre.

Situation délicieuse : bien qu’elle se tienne sur la pointe des pieds, les jambes de Claire se révèlent trop courtes. Le poids de la jeune fille pèse sur sa bite rigide, la poussant vers le bas. Ce combat inégal entre son pénis qui tend vers le haut et ce vagin qui le repousse vers le bas excite son imagination. Les grandes lèvres trop bien lubrifiées enserrent sa bite sur laquelle elle coulisse lentement. Luigi, qui n’a pas tenu de femme dans ses bras depuis…, sait qu’il ne résistera pas longtemps. Il sent le foutre arriver à toute allure dans son sexe si plaisamment martyrisé. Depuis quelques secondes, Claire accompagne ses va-et-vient de gémissements révélateurs. Aussi quand elle plante les ongles dans ses épaules et qu’elle lui mord la langue, il part en longs jets qui maculent de blanc mousseux l’entre fesses de la jeune fille.

Peu à peu, la tempête déclenchée par leur jouissance simultanée s’apaise. Claire s’alanguit dans les bras de l’homme qui vient de l’amener si haut, si loin. Luigi, étonné d’un tel cataclysme, ne cesse de poser de tendres baisers dans le cou de la jeune fille tandis que ces mains caressent amoureusement son visage.

Mais Claire, à peine les pieds en contact avec le sol, reprend contact avec la réalité. Elle s’écarte de lui et frappe sa poitrine de ses poings fermés en psalmodiant :

— Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Luigi n’y comprend plus rien ! Il a eu l’impression que la jeune fille a apprécié autant que lui ce petit aparté amoureux… les femmes… toujours le même mystère. Il ne sait quoi dire. Les coups s’espacent, s’estompent, s’arrêtent. D’une voix troublée par les s a n g lots :

— Pourquoi t’es pas allé au bout ?

Pas allé jusqu’au bout ! Cela le fait sourire ! Il voit sa liqueur couler encore le long des cuisses de Claire, son minou inondé de cyprine ; il se rappelle ses spasmes de jouissance, ses ongles déchirant sa peau…

— Pas allé jusqu’au bout ? Je ne sais pas ce qu’il te faut !

À ces mots, les poings de Claire entament un nouveau solo de percussion sur sa poitrine.

— Salaud ! Tu devais prendre ma virginité ! Et tu m’as traité comme une ado interdite, tu t’es contenté de te branler entre mes cuisses ! Pourquoi, pourquoi ?

— Je pourrais te répondre que je n’ai pas voulu a b u s e r de ta détresse et profiter de la situation, mais…

— Arrête de te foutre de ma gueule.

— J’peux finir ?

— Oui.

— Mais ce ne serait pas la vérité ! Elle est moins flatteuse pour ma virilité : simplement je n’ai pas pu faire autrement.

— Eh ben, toi, t’aimes bien faire des grandes phrases, dit-elle la voix radoucie, un sourire chassant les dernières larmes.

D’avoir fait perdre le contrôle à cet homme qui pourrait être son père lui procure une satisfaction qui efface la déception de son hymen préservé. Se coulant contre lui, lovant son corps contre le sien, sa poitrine durcie de désir contre la sienne, son pubis détrempé contre sa verge pendante, elle se pend à son cou. Dressée sur la pointe des pieds, sa bouche réinvestit celle de l’homme, sa langue tel un pénis impertinent s’enfonce entre les lèvres obligeantes pour un baiser brûlant.

Luigi n’a plus d’état d’âme. Son corps, déjà, réagit à ce nouvel assaut. Le désir renaît. Si son sexe n’est pas encore à l’unisson, ses mains partent en exploration. Elles jouent une petite musique de nuit sur un clavier imaginaire naissant au creux de la nuque pour mourir à celui des fesses. Claire frissonne sous ses caresses aériennes, frôlantes, musicales. Sa jeunesse, sa vigueur la rend plus réactive : alors que la bite de son vis à «vit» n’a même pas amorcé une nouvelle érection, ses seins gorgés de désir, ses tétons aux pointes démesurément érigées lui font mal, son temple d’amour ne peut contenir cette cyprine qui détrempe sa touffe, déborde de nouveau sur ses cuisses.

— Viens, viens…

Reculant en crabe, elle attire Luigi vers la couche. Dans ce déplacement en aveugle, elle en heurte le montant, tombe, entraînant son partenaire dans sa chute, sans pour autant desserrer son étreinte. Ils se retrouvent sur le lit, toujours étroitement enlacés. Sans perdre une seconde, la main de Claire se fraie un chemin entre leurs ventres. Elle agrippe le membre qui sous ses diverses provocations a déjà retrouvé sinon une raideur optimum du moins un certain volume. Gauchement, mais avec un vif enthousiasme, les doigts en anneaux, elle le masturbe. Ce traitement de choc qu’accompagne la friction glissante du minou contre la cuisse masculine génère rapidement une dure érection.

Luigi, lucide, sait qu’il doit interrompre ces caresses sinon la demoiselle va conserver son pucelage. Il est étonné de rebander avec autant de facilité, mais s’il lâche la purée une deuxième fois, y’aura pas de troisième et elle pourra faire ceinture. Sûr qu’elle ne sera pas contente. Pour être sincère, il a très, très envie de sentir sa bite s’enfoncer dans cette chattoune virginale. Il y a si longtemps qu’il n’a pas réellement aimé un corps de femme. Aimé, cette pensée lui est venue spontanément. Il la repousse aussitôt. Pourtant… Qu’importe s’il veut l’honorer…

Il se libère non sans peine de l’étreinte, des caresses, du baiser vorace. Claire ne comprend pas, elle essaie de le retenir… Il se laisse glisser le long de son corps, couvrant ses seins, son ventre de baisers. Sa bouche se pose sur le mont de vénus de la jeune fille. Sa langue part à la recherche du clitounet. Clitoris qu’il trouve sans peine tant l’excitation l’a affermi, dressé, dilaté.

Mais Claire ne l’entend pas ainsi. À peine sa langue a-t-elle le temps d’effleurer la petite hampe turgescente qu’elle le tire par les oreilles, lui soulève la tête, l’arrachant à sa dégustation.

— S’il te plaît ! Viens ! Prends-moi ! Je veux te sentir en moi ! Je ne veux pas mourir sans connaître… Viens, supplie-t-elle.

Comment résister à une telle demande ? Déplacement inverse. Reptation montante aidée par les pieds de la jeune fille. Pieds plaqués contre ses fesses qui le poussent vers le haut. Cet exercice de voltige ouvre une voie royale entre les cuisses largement écartées, dégage le triangle amoureux. Sans aucune difficulté, la bite méchamment bandée pénètre la vulve en crue. Le gland décalotté vient heurter l’hymen élastique.

Brusque retour à la réalité ! Instant d’affolement ! Comment va-t-il faire ? Il n’a jamais «déviergé» de nanas ! Il a peur de se comporter comme un rustre, de lui faire mal.

Heureusement pour eux, Claire n’a pas ces états d’âme. Elle a planté ses pieds bien à plat sur le drap. Ses mains cramponnent maintenant les fesses de l’homme. Elle tente de le coller à elle tandis que son bassin cherche le sien. Sous ce double mouvement, l’hymen se tend. Luigi, dans un premier temps résiste puis poids m o r t , complètement immobile, il laisse la décision à la jeune fille. Dans un ultime élan, ongles griffant les chairs d’un cul contracté, elle projette son pubis contre celui de l’homme. L’hymen ainsi maltraité se déchire. Une seconde, la douleur prend le dessus. Remplacée, la seconde suivante, par la joie de sentir son ventre habité. Cette intrusion qu’elle attendait, qu’elle craignait… cette souffrance qu’on lui avait prédite… N’importe quoi… Ses mains se décontractent ; les paumes glissent apaisantes sur les chairs qu’elles ont précédemment martyrisées.

Luigi, attentionné, guette les réactions sur son visage. Il lit l’attente, la douleur puis l’exaltation. Alors, lentement, il commence à bouger son bassin. Il prend le visage de Claire entre ses mains et l’attire à lui. Ses lèvres se posent, «affleurantes», sur les siennes. Il entame un baiser tendre, délicat. Sa langue pénètre la bouche consentante dans le même rythme lancinant que son pénis, le vagin brûlant. L’étroitesse de cette chapelle jamais visitée compresse son vit, les vibrations qui en agitent les parois opèrent comme une pompe. Il doit se modérer, se contrôler sinon il va éjaculer prématurément. Il essaie de visionner dans sa tête des images «débandantes». Peine perdue car…

D’abord, Claire, passive, profite pleinement de ces nouvelles sensations, de cette vie dans sa vie, de ce vit dans son ventre. Elle écoute, déconcertée, son corps réagir à cette invasion consentie. Sa poitrine lui semble plus lourde. Son vagin est parcouru de contractions ; son abdomen, de spasmes ; tout son corps, de picotements. Elle voudrait que ce membre se fonde en elle, devienne elle. Elle s’est souvent masturbée, elle s’est régulièrement fait jouir, mais ce corps étranger qui palpite fait toute la différence. Dans un éclair de clairvoyance, elle appréhende que son excitation soit due plus à la situation qu’à la performance de l’homme. Ce moment de perception passive ne dure guère. L’envie de plaisir reprend la main. Son bassin se soulève, entre en résonance avec celui de Luigi. L’extrême lenteur des mouvements de celui-ci ne lui suffit plus. Elle veut sentir ce dard coulisser plus virilement. Elle a envie d’être transpercée, d’être prise, d’être v i o l entée. Elle empoigne rudement les fesses de Luigi et y plante en cadence ses ongles acérés. Elle prend le pouvoir, elle donne le rythme. Ses hanches, décollées du lit, se jettent avec frénésie contre celles de Luigi.

Un nouveau message clignote sur l’écran de l’ordinateur : «Appareil en approche. Probabilité 98 % F45 furtif, f o r c e aérienne de l’empire. Sera à notre aplomb dans 48 secondes». Ni l’un, ni l’autre ne s’en aperçoit.

Les oscillations convulsives de la jeune fille le libèrent de toute retenue. L’épisode «dépucelage en douceur» est derrière eux. Elle désire qu’il la prenne comme une femme. Il lui saisit les chevilles, les lui remonte au-dessus de la tête. Action qui a pour effet de la plaquer au lit. Le corps de Luigi se tend comme un arc dont son membre serait la flèche. Seuls, ses orteils gardent contact avec le drap. Le tendre baiser se transforme en galoche sauvage, leurs lèvres s’écrasent sous la poussée, leurs dents s’entrechoquent, leurs langues se battent. Claire essaie toujours de projeter son bassin vers le haut. Mais chaque fois, son cul, sous la poussée du mâle, s’enfonce plus profondément dans le matelas. Complètement désinhibé, Luigi la baise v i o l emment, la pilonne dans un rythme de plus en plus débridé. À ce jeu-là, Claire ne résiste pas longtemps. Son corps, son cœur s’enflamment. Elle n’est plus qu’un immense frisson. Elle ne sait plus où elle est, qui elle est. Seulement ce plaisir qui irradie par chacun de ses pores. Son corps se cambre. Malgré la f o r c e et la pression exercées par le pilonnage masculin, elle parvient à se décoller du lit. Elle s’envole. Ses ongles labourent le dos de l’homme, laissant une traînée s a n g lante derrière eux. Dans un ultime frisson, sa bouche retrouve son autonomie pour hurler :

— Maman !

L’écran clignote fébrilement mais inutilement : «WARNING ! WARNING ! F45 en attaque. Bombardement dans 15 +/- 2 secondes. Gagnez le bloc de confinement.«

La douleur immédiatement suivie du cri délivre Luigi, qui à son tour, jouit. Il jouit longuement, pleinement comme il n’avait pas joui depuis… Son foutre se déverse par grosses coulées. Les soubresauts de la queue et ce liquide qui la remplit provoquent chez Claire une seconde jouissance plus intellectuelle, plus paisible. Son corps se détend. Ses mains redeviennent caresses.

— Merci ! tu as été…


— Aigle Noir à Grand Sachem ! Objectif atteint. Campement rebelle entièrement détruit. L’indicateur de chaleur indique qu’il reste deux ou trois survivants ! Mais vu les conditions atmosphériques…

— Bien reçu Aigle Noir ! Vous faites pas de bile pour les survivants ! I’ passeront pas la nuit ! Au pire les loups s’en occuperont ! Rentrez à la base !

Domi Dupon

Cette ressource n'a pas encore été commentée.
Publicité en cours de chargement